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Retour sur le premier séminaire consacré aux « Nouvelle(s) frontière(s) »

Mise à jour : 17 février 2021

Le premier séminaire « Nouvelle(s) frontière(s), organisé par la Délégation générale au développement de l’axe Nord, s’est tenu le 15 février, en partenariat avec Sciences Po Lille et l’École supérieure de journalisme de Lille.

Ce temps d'échanges a été l’occasion d’évoquer plus précisément la thématique de « La frontière franco-britannique et le Brexit : impacts et perspectives pour le transport marchand et les stratégies logistiques dans les Hauts-de-France ».

Les différents intervenants (représentants de l’État, spécialistes, chercheurs, élus...) ont échangé sur ce sujet au cours des deux tables-rondes.

Trois points principaux ont été mis en avant au cours du séminaire :

 1- Redécouvrir les frontières dans les Hauts-de-France

Le Brexit nous a permis de nous réinterroger sur le sens de la frontière, voire (re)découvrir ce qu’est une frontière. La frontière est d’abord une ligne qui permet de délimiter le périmètre de l’exercice de la souveraineté des États, à l’intérieur duquel se définit la citoyenneté. Paul-François Schira, sous-préfet en charge du Brexit, rappelle l’importance de la frontière comme lieu de protection et de sécurité de la population. Elle permet à une communauté politique de marquer géographiquement son existence et son identité. Le terme « d’espace frontière » peut également être évoqué pour en faire « un moteur de croissance ».

Ainsi, Philippe Voiry, ambassadeur pour les commissions intergouvernementales, la coopération et les questions frontalières au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, souligne que « pour sceller ce passage dans un monde qui est fondé plus sur la confiance que sur le rapport de force […], il faut aussi mentalement passer de cette idée que la frontière est une limite à cette nouvelle idée que la frontière est en fait une zone ».

Dans le cas particulier de la frontière franco-britannique, Étienne Peyrat, maître de conférences en histoire contemporaine à Sciences Po Lille, relève que l’histoire de ce territoire est historiquement mouvementée. Par ailleurs, le Brexit s’inscrit dans un temps long d’ouvertures et de fermetures successives.

Paul-François Schira conclut cette première table-ronde sur les événements des dernières semaines : « Les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne sont maintenant fixées dans un cadre qui, certes, permet d’éviter les droits de douanes et les quotas, mais qui suppose malgré tout toujours des formalités, une traçabilité et éventuellement des contrôles. »

2- Le Brexit : une nouvelle période qui s'ouvre

La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 1er janvier 2021 n’est pas une conclusion mais un commencement dans notre manière de vivre les échanges avec le Royaume-Uni. Dans ce cadre, une « frontière intelligente » a été créée avec succès par les acteurs régionaux. Elle nécessite encore quelques ajustements, particulièrement du côté britannique : l’adaptation du système informatique et la systématisation des contrôles douaniers Outre-Manche n’interviendront que dans les prochaines semaines, avec deux échéances en avril et juillet 2021.

Jean-Michel Thillier, directeur interrégional des douanes et droits indirects des Hauts-de-France, évoque des marges de progression du côté des transporteurs : la meilleure anticipation des démarches administratives par les entreprises et le discours pédagogue de l’État sont nécessaires pour le fonctionnement optimal de la frontière intelligente.

L’eurodéputé Dominique Riquet souligne par ailleurs la « dynamique de divergences » entre le système normatif britannique et communautaire sur le moyen et long terme. Lorsque le Royaume-Uni modifiera son droit interne et s’éloignera du droit de l’Union européenne, un écart entre les normes britanniques et européennes pourrait être observé.

L’enjeu est donc devant nous : il faudra savoir s’adapter à cet environnement instable et évolutif.

3 - Le Brexit : une opportunité pour les Hauts-de-France

France Beury, déléguée aux affaires européennes et internationales chez TLF Overseas, rappelle que le Brexit peut être une réelle opportunité logistique et commerciale pour notre région, notamment face à de grands ports belges et néerlandais qui sont, pour la plupart, d’ores et déjà saturés. Pour ce faire, il est nécessaire de communiquer auprès des chargeurs et des transporteurs pour mettre en avant la compétitivité économique des Hauts-de-France. Communiquer et faire de la pédagogie auprès des professionnels est l’enjeu numéro un à court terme. De plus, le facteur COVID-19 dans l’appréhension des entreprises à traverser la Manche ne doit pas être sous-estimé.

Jean-Marc Joan, maître de conférences en géographie à l’Université Littoral-Côte d’Opale, insiste quant à lui sur la prévisibilité des difficultés accompagnant le Brexit. Ce dernier s’inscrivant dans une tendance longue de mutation des flux Transmanche, il est nécessaire d’adopter rapidement une nouvelle stratégie de flux maritimes dans la région. Le fret non-accompagné est en pleine expansion et les Hauts-de-France doivent pouvoir répondre à cet enjeu, face à la concurrence belge et néerlandaise.

De la même manière, la spécialisation logistique à destination du Royaume-Uni et le développement de nouvelles lignes maritimes entre la Côte d’Opale et l’Irlande sont autant d’opportunités économiques à saisir localement. La réflexion peut également être menée pour des liaisons avec les ports intérieurs de la Tamise desservant Londres, ou encore avec la Scandinavie. Développer l’intermodalité est une nécessité pour les Hauts-de-France.

Un maître-mot a été rappelé tout au long du séminaire: la coopération !

Notre meilleur atout par rapport à nos concurrents demeure la proximité géographique avec le Royaume-Uni.

 

Vous pouvez retrouver la vidéo de l’événement sur le Facebook des services de l’État en région.

Retrouvez-nous le 29 mars prochain, de 14h à 16h, pour le deuxième séminaire « Nouvelle(s) frontière(s) », qui portera cette fois sur « Les identités frontalières et transfrontalières dans les Hauts-de-France : dynamiques socio-économiques et mobilités des personnes au quotidien » !