Actualité

Jean Moulin, un préfet qui honore la République

Mise à jour : 16 juin 2017

Jean Moulin, un préfet qui honore la République

Chaque année, une cérémonie est organisée au Panthéon, à Paris, le 17 juin. Cette date correspond à la date du premier acte de résistance de Jean Moulin, le 17 juin 1940.

Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers où son père était professeur d'histoire et conseiller général radical-socialiste de l'Hérault.

Licencié en droit, il entre très tôt dans la carrière préfectorale : d'abord secrétaire général de préfecture à Montpellier, il est en 1925 le plus jeune sous-préfet de France, à Albertville en Savoie. Il est successivement sous-préfet de Châteaulin (1930-1933), de Thonon (1933) puis secrétaire général de la Somme (1934-1936).

Il a également appartenu à plusieurs cabinets ministériels et notamment celui de Pierre Cot, ministre de l'Air dans le gouvernement du Front populaire d'où il s'engage dans l'aide clandestine à l'Espagne républicaine. Nommé préfet en mars 1937, il est, là encore, le plus jeune préfet de France et est nommé à Rodez en 1938 puis à Chartres l'année suivante.

Lorsque la guerre éclate, il veut rejoindre les troupes, mais il est maintenu en affectation spéciale à Chartres où il fait face à l'exode de la population. Le 17 juin 1940, il reçoit alors les premières unités allemandes ; les autorités d'occupation veulent lui faire signer une déclaration accusant des unités de tirailleurs africains d'avoir commis des atrocités envers des civils à Saint-Georges-sur-Eure, en réalité victimes des bombardements allemands. Il refuse, c’est son premier acte de résistance.

Maltraité et enfermé parce qu'il refuse de signer, il se tranche la gorge. Soigné in extremis par les Allemands, il reste à son poste avant d'être, comme préfet de gauche, révoqué par Vichy début novembre ; il part pour la zone sud, et prend contact avec les principaux mouvements de résistance.

En septembre 1941, il quitte la France pour rejoindre l'Angleterre depuis le Portugal après avoir traversé l'Espagne. À Londres, il est reçu par le général de Gaulle auquel il fait le compte-rendu de l'état de la résistance en France et de ses besoins. Rapidement convaincu de l'intelligence et des capacités de son interlocuteur, le chef des Français libres le renvoie en métropole avec pour mission de rallier et d'unir les mouvements de résistance. Il doit également créer une Armée secrète en séparant le militaire du politique.

Jean Moulin est parachuté sur les Alpilles le 2 janvier 1942 à 3h30 du matin. Il installe son Q.G. à Lyon.

Délégué général du général de Gaulle, "Rex", alias Moulin, commence à mener sa tâche complexe et délicate en zone sud. Son action aboutit, en octobre 1942 à la création de l'Armée secrète (AS), fusion des groupes paramilitaires, dont le commandement est confié au général Delestraint puis, au début de l'année 1943, à la création des Mouvements unis de Résistance (MUR) rassemblant Combat, Libération et Franc-Tireur.

Grand amateur d'art et dessinateur lui-même, l'ancien préfet Jean Moulin ouvre entretemps une galerie d'art à Nice, la galerie Romanin, qui lui sert de couverture.

En février 1943, Jean Moulin se rend à nouveau à Londres où il rend compte de sa mission et est décoré par le général de Gaulle de la Croix de la Libération .

De retour en France le 20 mars, "Rex" devenu "Max" est le seul représentant du général de Gaulle pour la Résistance. Ses efforts aboutissent bientôt à la constitution du Conseil national de la résistance (CNR) dont la première réunion se tient sous sa présidence au 48 de la rue du Four à Paris, le 27 mai 1943. Il s'agit d'un conseil réunissant les responsables de mouvements de résistance des deux zones mais aussi des responsables politiques et syndicaux.

Dans le but d'organiser rapidement la relève à la tête de l'Armée secrète qui vient d'être décapitée par l'arrestation à Paris du général Delestraint, Moulin en convoque les responsables pour le 21 juin 1943 à Caluire, dans la banlieue de Lyon, chez le Docteur Dugoujon. Mais à la suite de dénonciations, la police de sécurité allemande, menée par Klaus Barbie, intervient : tous sont arrêtés et emmenés à la prison du Fort Montluc.

Interrogé par Barbie qui l'identifie après deux ou trois jours, Jean Moulin ne dit rien. Il est transféré début juillet avenue Foch à Paris puis dans une villa de Neuilly, où la Gestapo avait coutume "d'interroger" des personnalités importantes ; son état de santé est désespéré. C'est vraisemblablement pour tenter de le soigner et de le conserver comme otage qu'il est transféré en Allemagne. C'est dans le train, quelque part entre Metz et Francfort, qu'il meurt le 8 juillet 1943.

Ses cendres, jusqu'alors déposées au Père Lachaise, ont été transférées au Panthéon le 19 décembre 1964.

--

(Source : www.ordredelaliberation.fr )

1. © Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - Musée Jean Moulin.

2. Leg Sasse, Musée du général Leclerc, musée Jean Moulin