Actualité

Démantèlement d’une filière d’aide à l’immigration irrégulière en Hauts-de-France

Mise à jour : 25 juin 2019

Le 22 août 2018, les effectifs de la BMRA-62 de la police aux Frontières de la zone Nord, initiaient une enquête sur fond de trafic d’êtres humains. Cette procédure faisait suite à une succession d’interceptions de chauffeurs routiers d’origine roumaine qui tentaient de traverser la Manche, aux contrôles frontières du littoral, avec des migrants dissimulés dans leur ensemble routier.

Les policiers de la brigade mobile de recherche de Coquelles mettaient en œuvre l’ensemble des moyens mis à leurs dispositions (investigations techniques, écoutes téléphoniques, surveillances de jour comme de nuit et filatures entre autres).

L’envergure du réseau était rapidement établie. Sous-couvert de sociétés de transport roumaines avec l’implication de leurs dirigeants, les chauffeurs routiers faisaient transiter les candidats à l’exil depuis les ports de notre littoral ainsi qu’en Belgique et aux Pays-Bas. Les migrants, concentrés principalement sur les camps du Dunkerquois et dans les différents foyers d’accueil de la région, étaient acheminés sur des zones de prise en charge localisées sur le Calaisis, l’Audomarois, le Dunkerquois, et la Belgique en proximité de frontière.

Instruite sous l’impulsion du Parquet de Boulogne-sur-mer, l’enquête se poursuivait, avec l’assistance du Groupement Interministériel de Recherches (GIRGroupe d'intervention régional) de la Direction Régionale de la Police Judiciaire (DRPJ) de Lille. Sous la direction de la Juridiction Inter-Régionale Spécialisée (JIRS) basée au Tribunal de Grande Instance (TGITribunaux de grande instance) de Lille, l’enquête débouchait sur une coopération internationale avec l’appui d’EUROPOL et EUROJUST.

De ces investigations, étaient identifiés plusieurs modes opératoires pratiqués par le réseau pour le passage des exilés depuis la France. Les migrants voyageaient cachés dans la remorque, dans la cabine du chauffeur ou sous le pare-vent du tracteur. Des convoyages, orchestrés depuis la Belgique, se faisaient également par containers. Selon ce mode opératoire, les migrants au nombre de plus d’une dizaine parfois, étaient « stockés » pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours avant prise en compte sur un bateau pour un acheminement par voie maritime jusqu’au port de Hull, situé dans le nord de l’Angleterre, et à une demie-journée de navigation. A plusieurs reprises, l’intervention des secours était nécessaire afin d’assister les occupants des containers en détresse, parmi lesquels figuraient femmes et enfants en bas-âge.

Le lundi 10 juin 2019, un chauffeur routier expérimenté dans le trafic, et bien connu de l’enquête, était intercepté au Port de Dunkerque, alors qu’il tentait de faire traverser deux migrants. Cette interpellation aboutissait au déclenchement des opérations d’interpellation prévues en coordination avec les forces de polices roumaines, anglaises et néerlandaises.

6 enquêteurs de la DZPAF Nord (BMRA) ainsi que 2 policiers de la DRPJ Lille (GIRGroupe d'intervention régional) étaient alors projetés en urgence en Roumanie pour participer à une vague d’interpellations. Accompagnés des policiers roumains, ils procédaient à l’interpellation de l’organisateur de ce réseau et de 9 de ses complices.

Épaulés par les autorités judiciaires roumaines, les policiers français procédaient à des perquisitions aux domiciles des mis en cause. Elles amenaient plus de 500.000 euros en numéraire, de même la saisie de plusieurs véhicules haut-de-gamme, de biens immobiliers récemment acquis sont à prévoir.

Le 19 juin 2019, les autorités britanniques assistées des effectifs de la PAFPolice aux frontières et du GIRGroupe d'intervention régional de Lille procédaient à l’interpellation d’un autre trafiquant du réseau. Cette interpellation faisait suite à l’interpellation quelques jours auparavant de l’organisateur du réseau en Grande-Bretagne. Au moment de son arrestation, l’intéressé tentait de prendre la fuite en Iran via un aéroport londonien. Parallèlement, au port de Calais les services de la police aux frontières procédaient à l’interpellation d’une quatorzième cible de ce réseau qui tentait de rejoindre la Grande-Bretagne. Dans le même temps, un quinzième trafiquant était interpellé à l’aéroport de Bucarest en Roumanie à l’arrivée d’un vol en provenance de Tunisie.

Sur exécution de mandats d’arrêts Européen, deux autres organisateurs roumains étaient interpellés en France et en Roumanie. Cela porte à 17 le nombre des membres de la filière actuellement en détention.

L’enquête a permis de dénombrer un minimum de 259 tentatives de convoyages de migrants, qui ont résulté à 167 succès pour 92 échecs. 140 migrants étaient interceptés à la frontière, pour un minimum de 327 migrants passés en territoire britannique. Le chiffre d’affaires de cette organisation criminelle est estimé à près de 3,6 millions d’euros. Pour sa part, le principal commanditaire roumain a accumulé des bénéfices qui se chiffrent à plus d’1,8 millions d’euros.

Le chauffeur interpellé à Dunkerque a été présenté au TGITribunaux de grande instance de Lille, où il s’est vu notifier sa mise en examen avant d’être placé en détention provisoire. Concernant les protagonistes interpellés en Roumanie, ils ont été placés en détention dans leur pays et devraient être prochainement remis aux autorités françaises en vue de leur mise en examen. Concernant les individus interpellés en Grande Bretagne, la procédure de remise aux autorités françaises sur la base des mandats d’arrêts européens émis à leur encontre suit son cours.