Recensement agricole 2020 – Le nouveau visage de l’agriculture francilienne
D’après le recensement agricole de 2020 (1), l’Île-de-France compte 4 425 exploitations agricoles en 2020 (1 % du nombre d’exploitations en France) et l’agriculture occupe environ 50 % du territoire.
L’agriculture francilienne se caractérise par une dominance des grandes cultures dans un territoire marqué par une forte imbrication entre la campagne et le tissu urbain, et par une évolution des statuts juridiques des exploitations vers des formes sociétaires qui assurent une meilleure protection des exploitants.
L’Est et l’Ouest de l’Île-de-France ont des structures agricoles un peu différentes, marquées toutefois par la domination des grandes cultures. A l’Est, en Seine-et-Marne, il y a davantage d’élevage ; à l’Ouest, l’horticulture (maraîchage, floriculture, arboriculture), et la vente en circuit court sont plus importantes.
Les résultats du recensement agricole de 2020 confirment un certain nombre de tendances d’évolution de long terme de l’agriculture francilienne, avec cependant, le plus souvent, un ralentissement marqué. À côté de ces tendances, plusieurs infléchissements sont observés et mettent en évidence les efforts des exploitations pour s’adapter aux changements de leur environnement technico-économique.
Le nombre d’exploitations agricoles poursuit sa baisse à un rythme ralenti
4 425 exploitations ont été recensées en 2020, soit 600 de moins qu’en 2010 (- 12 %). Cette baisse amorcée dès l’après-guerre connaît toutefois un ralentissement marqué : le recul était de 1 510 exploitations lors de la décennie précédente (- 23 %). Elle est également très inférieure à la variation nationale 2010-2020 : - 21 % pour la France métropolitaine.
L’étendue du territoire agricole est en voie de stabilisation (- 0,9 %)
En Île-de-France, ceci se traduit par une consommation annuelle moyenne de 487 ha/an de terres agricoles entre 2010 et 2020, principalement pour l’urbanisation, alors que cette consommation était de 1 441 ha/an pendant la décennie précédente, et de 1 800 ha/an sur l’ensemble de la période 1955-2010. Pratiquement tous les départements sont concernés, la consommation étant maximale dans le Val-d’Oise (- 245 ha/an).
Les exploitations franciliennes continuent de s’agrandir
La surface agricole utilisée (SAU) moyenne par exploitation progresse de 14 ha en 10 ans et atteint 127 ha en 2020. Cette tendance est observée dans tous les départements franciliens.
La spécialisation en grandes cultures est confirmée
Elle concerne 79 % des exploitations, qui valorisent 92 % du territoire agricole régional (respectivement 76 % et 91 % en 2010). Leur SAU moyenne est de 150 ha. Les exploitations spécialisées en élevage reculent d’environ 30 % dans la région (18 % pour les élevages spécialisés en bovins) ; il s’agit d’une tendance nationale. On observe également un recul marqué de l’horticulture ornementale et de l’arboriculture en Île-de-France. En revanche, on observe une progression nouvelle du maraîchage et de la viticulture sur des superficies qui restent toutefois limitées (moins de 1 % de la surface agricole régionale). La surface en vigne triple et atteint 99 ha en 2020.
L’emploi agricole s’ajuste à la diminution du nombre d’exploitations
Les exploitations agricoles ont employé 13 000 personnes en 2020 (- 17 %) dont 9 400 permanents et 3 600 saisonniers, pour un volume total de 8 200 emplois en équivalent temps plein (ETP) (- 9 %). Du fait de l’agrandissement des exploitations, l’emploi moyen par exploitation progresse légèrement de 1,79 à 1,85 etp. La productivité du travail augmente encore : le ratio etp pour 100 ha s’élève à 1,45 en 2020 ; il était de 1,57 en 2010 et de 2,2 en 2000. Toutes les catégories d’emplois sont concernées par le recul de l’emploi : exploitants et coexploitants (- 7 %), autres emplois familiaux (- 21 %), salariés non familiaux (- 12 %), à l’exception des saisonniers (+ 8 %), qui ne représentent que 8 % de l’emploi total en etp. Le recours à l’externalisation des travaux agricoles progresse : 57 % des exploitations y ont recours en 2020 contre 43 % en 2010.
La proportion des exploitants et coexploitants de plus de 60 ans augmente de 24 % en 2010 à 30 % en 2020
L’âge moyen des exploitants et co-exploitants est de 52,4 ans (51,4 ans au niveau national). Ce vieillissement global s’explique principalement par des installations réduites au cours des deux dernières décennies, alors que la taille des exploitations s’accroît.
Les formes sociétaires continuent de progresser
Les exploitations individuelles ne représentent plus que 40 % des exploitations et 26 % de la SAU régionale. Inversement, les SCEA (société civile d’exploitation agricoles) progressent de 10 à 18 % des exploitations, alors que les EARL (exploitation agricole à responsabilité limitée) et les GAECGroupement agricole d'exploitation en commun (groupement agricole d’exploitation en commun) sont plus stables (respectivement 33 % et 2 %).
Sur le plan économique, l’agriculture régionale est caractérisée par la proportion importante des moyennes et grandes exploitations
Celles-ci représentent 68 % des exploitations en Île-de-France et 46 % pour la France métropolitaine. Seule la catégorie des grandes exploitations (production brute standard > 250 k€/an) progresse de 2010 à 2020 ; elles représentent en 2020 27 % des effectifs en Île-de-France et 20 % en France métropolitaine.
L’agriculture biologique a connu un essor indéniable au cours de la décennie écoulée
11 % des exploitations sont certifiées ou en conversion en 2020 contre 2 % en 2010. La SAU correspondante est de 33 400 ha en 2020, soit 6 % de la SAU régionale. Les productions de fruits et légumes, de lait, d’œufs et de volailles sont les principales concernées.
Les effectifs des exploitations impliquées dans les différentes démarches de valorisation ou de diversification progressent
En 2020, 6 % des exploitations produisent sous signe de qualité autre que BIO (+ 360 % par rapport à 2010), 7 % assurent la transformation des produits (+ 130 %), 24 % diversifient leur activité (travail à façon, tourisme, énergie renouvelable) (+ 50 %), et vendent en circuits courts (+ 22 %).
Émergence d’une agriculture urbaine à Paris
La baisse du nombre d’exploitations est observée sur la quasi-totalité du territoire régional ; Paris constitue une exception avec l’apparition de 8 exploitations d’agriculture urbaine, pour une SAU cumulée de 1 ha, alors qu’il n’y en avait pas en 2010.
En savoir plus
- Les études valorisant les données du recensement agricole 2020
- Les fiches territoriales présentant les résultats sur un territoire donné
- Les tableaux de données du recensement agricole 2020
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(1) Les recensements agricoles sont réalisés tous les 10 ans auprès de l’ensemble des exploitations agricoles. Entre deux recensements, pour estimer les principales évolutions, des enquêtes sur la structure des exploitations agricoles (ESEA) sont effectuées auprès d’un échantillon représentatif d’exploitations agricoles. Les résultats de l’ESEA 2023 paraîtront dans le courant de 2025.