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Dans les pas des derniers chasseurs-cueilleurs du sud de l'île-de-France

Mise à jour : 06 octobre 2020

Le mardi 6 octobre 2020, à l’initiative de la Direction régionale des affaires culturelles (DRACdirection régionale des affaires culturelles) d’Île-de-France et sous le haut patronage du Pr. Yves Coppens, le comité de pilotage et le conseil scientifique et culturel du projet « Dans les pas des derniers chasseurs-cueilleurs du sud de l’Île-de-France » ont été installés, en présence des collectivités territoriales et des différents partenaires. Ce projet de territoire vise à fédérer et valoriser les sites préhistoriques exceptionnels bordant la Seine, en Essonne et Seine-et-Marne : ces sites offrent un témoignage inestimable sur la vie des derniers chasseurs-cueilleurs de l’époque magdalénienne.
La DRACdirection régionale des affaires culturelles Île-de-France poursuit trois objectifs : préserver ces gisements exceptionnels, consolider le travail des chercheurs, et valoriser ce patrimoine auprès d’un large public dans le cadre d’un projet culturel de territoire construit en partenariat avec les acteurs locaux.

Un patrimoine archéologique exceptionnel

L’Île-de-France dispose d’un atout culturel exceptionnel, grâce à un ensemble unique au monde de sites archéologiques témoignant des dernières populations de chasseurs-cueilleurs ayant habité notre région vers la fin de la dernière glaciation, il y a environ 12 000 ans.

Si ces sites bénéficient d’une notoriété internationale auprès des spécialistes, leur valorisation auprès des publics nécessite la mise en œuvre d’un projet culturel ambitieux qui donnera à l’Île-de-France la renommée qu’elle mérite : celle d’une grande région de préhistoire.

Sur les bords de la Seine, préservés de façon extraordinaire par les dépôts du fleuve, des campements entiers ont été retrouvés tels qu’ils ont été laissés par des groupes humains de la fin du paléolithique, à la période dite « magdalénienne ». Ils venaient y chasser le renne, le cheval, y tailler le silex, y vivaient quelques saisons, exerçaient leur technique et leur art, et les enseignaient à leurs enfants. Ces sites semblaient prédestinés à une vocation de transmission.

Pincevent (c. -12 500), sur la commune de La Grande-Paroisse en Seine-et-Marne, est un site unique au monde. Menacé par l’exploitation d’une carrière, il été sauvé par l’intervention du ministre André  Malraux, et du professeur André Leroi-Gourhan, fondateur de l’ethnologie préhistorique en France, qui avec Michel Brézillon y a co-inventé la fouille préhistorique en aire ouverte. Le premier moulage d’un sol archéologique y a été réalisé et présenté dès 1965 dans un centre d’interprétation pionnier. Acquis par l’État, le site est aujourd’hui protégé au titre des monuments historiques.

D’autres gisements de plein air ont été mis au jour : en Seine-et-Marne, à Ormesson
(c. -120 000 à -19 000) où l'on peut suivre notamment la transition entre les populations néandertaliennes et celles des premiers Homo sapiens ; en Essonne, aux Tarterêts III à Corbeil-Essonnes (c. -22 000 à -14 500) ou à Étiolles (c. -13000 à -12 000), dont la fouille a livré sur un galet gravé la représentation d’un cheval ayant inspiré l’écrivain Jean Rouaud ; tandis que dans les forêts du sud de l’Île-de-France, dans les chaos de grès, de très nombreux abris ornés présentent des dessins géométriques du Mésolithique (c. -8 000), ainsi que quelques représentations figuratives attribuables au Paléolithique supérieur, contemporaines de Lascaux (c. -20 000). Cet art rupestre du Bassin parisien est rare et fragile et appelle une meilleure sensibilisation du public à sa préservation.

 

Un comité de pilotage pour un projet culturel de territoire

La Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France, service déconcentré du ministère de la Culture, a souhaité réunir, sous le haut patronage du Professeur Yves Coppens, l’ensemble des collectivités concernées par ces gisements exceptionnels ainsi que les partenaires institutionnels d’ores et déjà impliqués dans les actions de recherche, de conservation ou de valorisation.

L’objet de cette première réunion du 6 octobre 2020 est de constituer un comité de pilotage qui aura la charge de définir les orientations et les objectifs d’un projet culturel de territoire à même de valoriser ce patrimoine francilien exceptionnel auprès des publics, tout en veillant à la préservation de cette ressource fragile et en consolidant le travail des équipes de chercheurs.

Qu’il s’agisse de sites localisés en zone urbaine ou à proximité (Les Tarterêts à Corbeil-Essonnes, Etiolles), en zone rurale (Ormesson, Pincevent) ou bien dans des secteurs déjà fortement fréquentés par les visiteurs (massif de Fontainebleau), chaque composante de ce projet s’inscrit dans un même cadre chronologique (la Préhistoire) et dans une même dynamique qu’il convient aujourd’hui de structurer en prenant appui également sur deux musées partenaires (le Musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye et le Musée départemental de Préhistoire d’Île-de-France à Nemours) et en proposant des structures de médiation pour les publics et les scolaires ainsi que des parcours de    découverte.

De nombreuses actions de médiation ont d’ores et déjà été menées et confirment l’intérêt croissant des publics pour ce patrimoine qui nous invite à découvrir les premiers peuplements de notre région.

Dans le cadre de ce projet, des expérimentations sont également en cours pour développer des outils numériques d'aide à la visite et à la connaissance.

De même, de nombreuses actions d’éducation artistique et culturelle (EAC) sont mises en œuvre en fonction des thématiques offertes par l’archéologie et la Préhistoire : migrations, mobilités des populations de la préhistoire, évolutions du climat et impacts sur les comportements des groupes humains, etc. Près de 10 000 personnes ont d'ores et déjà été concernées par les actions d'EAC et de médiation sur ce projet en 2018-2019.

In fine, la mise en réseau de ces différents sites et gisements exceptionnels doit permettre de proposer une nouvelle offre culturelle, hors de la métropole du Grand-Paris, un parcours qui s’organise naturellement selon un axe sud-est – nord-ouest en épousant le cours du fleuve Seine.

 

Un conseil scientifique et culturel placé sous l'autorité du Pr. Yves Coppens

A la suite du comité de pilotage, un conseil scientifique et culturel, placé sous l’autorité du Professeur Yves Coppens, a été installé le 6 octobre après-midi.

Une vingtaine de scientifiques ou spécialistes des questions relatives à la recherche, à la conservation ou à la valorisation du patrimoine apporteront leurs expertises et proposeront au comité de pilotage des orientations dans les domaines de la conservation, de la valorisation ou de la recherche.

Archéologues, spécialistes de la préhistoire, universitaires, chercheurs au CNRS, conservateurs, spécialistes de l'Art pariétal, de la médiation culturelle, de l'environnement, ou des musées apporteront ainsi leur contribution à ce projet culturel qui nécessitera, dès 2021, l'engagement d'une étude de faisabilité à l'échelle de l'ensemble des sites concernés.

 

Le professeur Yves Coppens présidant le comité de pilotage.

Retrouvez ici le dossier de presse :  https://bit.ly/3llx2ZI  

Service communication DRAC Île-de-France
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