Histoire et patrimoine d'Auvergne-Rhône-Alpes

Mise à jour : 02 août 2023

Créations récentes, les régions se sont affirmées tout au long de l’histoire de la Cinquième République. Elles deviennent des collectivités territoriales dès 1982 avec les premières grandes lois de décentralisation, qui visaient à renforcer la démocratie locale et étendre le champ de compétences des collectivités. En 2015, la substitution de 13 grandes régions aux 22 anciennes s'inscrit dans ce mouvement.

Les régions n’apparaissent pour la première fois qu’en 1960, alors simples circonscriptions administratives de l’État. L’échec du référendum de 1969, qui visait à faire des régions des collectivités territoriales, entraîne le départ du Général de Gaulle. Elles deviennent toutefois des établissements publics avec la loi du 5 juillet 1972.

Il faudra attendre la loi dite « Defferre » du 2 mars 1982 pour que les régions deviennent, dans leur principe, des collectivités territoriales. La loi du 7 janvier 1983 leur confie la responsabilité du développement économique, de l’aménagement du territoire, de la formation professionnelle et des lycées.

Ces lois s’inscrivent dans « l’acte I de la décentralisation », une quarantaine de lois et environ 300 décrets qui, de 1981 à 1986, visait à donner de nouvelles compétences aux collectivités territoriales.

Elles émanent de l’idée que la modernisation du pays et l’adaptation de son organisation administrative passent par plus de démocratie locale, une plus large autonomie de gestion des collectivités territoriales et un accroissement de leurs responsabilités.

L’amélioration de la gestion publique et le développement économique comptent donc parmi les premiers objectifs de la décentralisation et de la création des régions, censées favoriser une prise en compte directe de l’intérêt local.

Ce mouvement de réforme est amplifié par plusieurs lois, dont celles du 16 janvier 2015, relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral et la loi du 7 août 2015 dite « Loi NOTRe » (portant Nouvelle Organisation Territoriale de la République).

Elles créent un nouveau découpage en substituant 13 nouvelles régions aux 22 anciennes. Plus grandes et plus fortes, elles génèrent des gains d’efficience, rendent les territoires plus attractifs et constituent un échelon pertinent pour soutenir des politiques de développement et d’investissement.

Si certaines régions succèdent à des entités historiques très affirmées (Bretagne, Normandie), d’autres sont des créations récentes, comme la région Auvergne-Rhône-Alpes (qui recoupe néanmoins l’ancienne région d’Auvergne).

Des territoires à la géographie contrastée, riche et variée

De l’Antiquité, on retient que l’Auvergne était riche et puissante, protégée des incursions par son relief montagneux : plusieurs décennies de politiques publiques d’aménagement du territoire n’ont pas effacé ce qui est désigné aujourd’hui comme enclavement. Les chemins des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle la contournent exceptée une étape au Puy-en-Velay. Rhône-Alpes, a contrario, était déjà sillonnée de voies romaines allant jusqu’à Cologne ou Aoste en contournant le lac Léman, et l’importance du port de Vienne égalait celle d’Ostie, au sud de Rome.

Les montagnes en Auvergne et en Rhône-Alpes, Massif Central, Alpes et Jura, ont gardé à travers les siècles ce rôle de protection pour les hommes : ainsi des protestants après la révocation de l’Édit de Nantes en 1685 dans le Vivarais et le Dauphiné ou des résistants pendant la Seconde Guerre mondiale dans le Vercors et au plateau des Glières en Rhône-Alpes, dans la Margeride et au Mont Mouchet en Auvergne, par exemple. Aujourd’hui leurs sites et milieux naturels sont reconnus, protégés et valorisés dans les parcs et réserves naturelles. Les deux régions sont, avec des atouts différents, tant paysagers que patrimoniaux, très attractives pour le tourisme.

Alors que l’Auvergne est solidement plantée au cœur de l’hexagone, Rhône-Alpes est située aux franges orientales, qui ont évolué jusqu’au rattachement en 1860 de ce qui est devenu la Savoie et la Haute-Savoie. Une frontière qui fut donc agitée, les alliances matrimoniales des XVIIème et XVIIIème siècles n’ayant pas assagi les ducs de Savoie ! Ces traces des péripéties de l’histoire et de ses conflits se lisent dans la géographie institutionnelle, telle l’enclave des papes dans la Drôme. Elles imprègnent également les langues entre oc, oïl et franco-provençal, les cultures : les bateliers du Rhône désignent sa rive gauche par « l’Empire » et la rive droite par « le Royaume », le Dauphiné ne s’étant rattaché à la France qu’au XVème siècle.

Une économie diversifiée

Traditionnellement, l’économie de l’Auvergne s’est organisée autour des ressources en agroalimentaire : les eaux minérales déjà au XVII° siècle, l’eau de Chateldon étant acheminée à Versailles pour Louis XIV, les produits laitiers et, en particulier, des fromages réputés, des produits carnés, des miels, confitures et fruits confits. Dès l’Antiquité, ses sources thermales sont exploitées. Vichy connaît son apogée au Second empire et à la Belle époque. Au XVIIème siècle la haute noblesse y fait des cures.

Au cours du XIXème et XXème siècle, le développement des houillères a contribué à son essor industriel. Les secteurs de la métallurgie, de la transformation des matériaux, de la chimie et du caoutchouc savent allier aujourd'hui tradition et innovation.

Rhône-Alpes se caractérise jusqu’au milieu du XVIème siècle par une activité de commerce, Lyon concurrençant alors Paris et reliant les négociants de l’Italie à ceux des pays du Nord. Les bassins miniers et le Rhône expliquent le développement au début du XIXème siècle d’une industrie lourde, le réseau hydrographique alpin celui de l’hydroélectricité qui contribue encore aujourd’hui à la production française. La soierie et les recherches de colorants, puis de matériaux de synthèse sont les prémices de l’industrie chimique.

Le patrimoine d'Auvergne-Rhône-Alpes : disparités et richesse architecturale

Les terres d’Auvergne et de Rhône-Alpes sont constellées de traces de leur passé, sites et grottes de la préhistoire dont les sites palafittiques des lacs alpins, sites gaulois et vestiges gallo-romains, itinéraires de l’Antiquité, de commerçants, d’alpinistes ou de pèlerins, drailles ; patrimoine des croix de chemin, lavoirs, fontaines, murets, burons, chapelles et oratoires ; patrimoine religieux prestigieux des grandes églises romanes d’Auvergne, des églises baroques de Savoie et des temples, des monastères et abbayes ; patrimoine agricole et magnaneries ; héritage du XXème siècle : édifices et ensembles urbains qui sont autant de témoins matériels de l’évolution architecturale, technique, économique, sociale, politique et culturelle de la région.

Si l’Auvergne bénéficie d’une unité architecturale affirmée, notamment par le grand nombre d’abbayes ou d‘églises de la période romane qui ont contribué à forger son identité patrimoniale, il n’en va pas de même de Rhône-Alpes.

Sans unité historique, cette dernière est une création administrative hétérogène. Ses paysages variés vont du piémont est du massif central aux plus hauts massifs de l’arc alpin, et l’épine dorsale que constitue le Rhône et sa vallée relie le sud de la Bourgogne et du Jura au nord de la Provence. Cette variété induit celle de sa géologie ; elle-même implique la très grande diversité de ses modes constructifs et des matériaux utilisés.

Mais paradoxalement ces disparités font aussi son immense richesse architecturale. De plus, lieu de passage depuis les temps les plus reculés, elle a gardé des témoignages de la

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Image15349 : Grotte Chauvet-Pont d'Arc (Ardèche)

présence et de la pensée artistique humaines allant de la préhistoire (grotte Chauvet-Pont d'Arc) au siècle dernier (œuvres du Corbusier), ces deux extrêmes de notre aventure étant reconnus au patrimoine mondial de l’Unesco.

Il est donc possible de croiser en Rhône-Alpes des édifices majeurs illustrant toutes les typologies et toutes les époques.

L’antiquité gallo-romaine est très présente à Lyon, Vienne et Alba, la période médiévale notamment par la primatiale des Gaules et de superbes abbayes (Brou, Saint Antoine), la Renaissance a créé le cœur de l’urbanisme actuel de Lyon et a parsemé la région de châteaux célèbres (Grignan).

Des fermes du plateau ardéchois aux chalets de bois des alpages en passant par l’architecture de terre de la Dombes, l’habitat vernaculaire a contribué aussi à la constitution de ce tissu patrimonial. L’histoire particulière de la Savoie nous a valu un chapelet d’églises baroques aux décors peints stupéfiants et la nécropole royale d’Hautecombe idéalement placée au-dessus du site romantique du lac du Bourget.

L’austérité des vallées alpines est à l’origine de l’ordre des chartreux et donc des immenses édifices où logeaient les membres de cet ordre (La Grande Charteuse, le Reposoir).

Plus tard, l’industrialisation du pays à marche forcée a amené l’aménagement hydraulique des mêmes vallées et la création des sites miniers de la Loire, dont l’abandon a souvent abouti à une reconversion réussie grâce à leur patrimonialisation (Centrale de Livet-Gavet, site-musée du puits Coutoit).

Et il n’est pas jusqu’aux fantaisies de l’esprit humain qui aient créé des œuvres ludiques ou étranges (jardin Rosa Mir, palais du facteur Cheval).

Ce ne sont là que quelques exemples mais ils attestent la singularité et la richesse du patrimoine d'Auvergne-Rhône-Alpes.

Une invitation constante à la curiosité et à la découverte partout dans la région.