Comité de pilotage du plan de gestion des sédiments
Présidé par Philippe Gustin, préfet de la région Bretagne, le 10e comité de pilotage consacré à la gestion des sédiments de la Rance maritime s’est tenu, à Dinan, le vendredi 29 mars 2024.
Prolongeant le plan de gestion expérimental déployé entre 2018 et 2023, le comité se réunissait pour préparer un plan de gestion pérenne à ce site exceptionnel. Celui-ci accueille notamment, depuis 1966, l’usine marémotrice de la Rance qui générait en 2023 un peu moins de 10 % de l’électricité produite en Bretagne et permet d’alimenter en électricité l’équivalent de la population de l’agglomération de Rennes, soit 225 000 personnes.
Financé par les partenaires publics (EDFÉlectricité de France, Europe, État, Région, Saint-Malo Agglomération, Dinan Agglomération, Communauté de communes Côtes d’Émeraude) qui ont engagé 8,88 M€, dont 73 % apportés par EDFÉlectricité de France et l’État, le plan de gestion expérimental a permis d’extraire 109 300 m³ de sédiments, et d’évaluer les leviers et actions prioritaires à conduire dans un plan de gestion pérenne.
Les travaux et études menés ont notamment permis d’avancer sur le fonctionnement du barrage, afin de limiter les entrées sédimentaires, sur les pistes de valorisation des sédiments qui constituent une voie d’avenir déterminante pour traiter des volumes bien plus importants. Pour autant, le comité de pilotage de ce jour n’a pas été conclusif.
Le préfet de la région Bretagne souhaite prolonger les échanges au sein du comité afin que les remarques du conseil scientifique puissent être approfondies avant de finaliser le plan de gestion. En particulier, les dernières études mettent en avant une sédimentation deux fois moindre de l’estuaire, entre 2018 et 2023, que sur la période de 2010 à 2018. C’est une donnée à prendre en compte pour calibrer l’action à mener et son financement. Cette sédimentation devra faire l’objet d’une réévaluation tous les cinq ans afin d’adapter le plan de gestion qui se doit d’être évolutif.
Sur le plan financier, le préfet de la région Bretagne appelle les partenaires à réviser leurs engagements, comme l’État et EDFÉlectricité de France s’y sont engagés, pour leur part.
Réunis le 12 janvier dernier, les partenaires publics avaient accepté d’apporter 6,5 M€ au financement de cette première phase de 2024 à 2028. soit un financement bien supérieur aux engagements initiaux du plan expérimental (4 M€), lorsqu’il a été lancé en 2018. À ce stade, EDFÉlectricité de France et l’État et l'Europe apportent 73 % de ce financement. D’autres crédits, comme le fonds d’intervention maritime de l’État et les fonds européens, pourront compléter cette contribution.
L’usine marémotrice de la Rance (UMR) a apporté, depuis sa mise en service en 1966, 150 M€ de recettes fiscales aux collectivités territoriales, toutes situées dans l’Ille-et-Vilaine. Chaque année, ces collectivités perçoivent environ 3,4 M€ de recettes liées au barrage, une part importante de ces aides provenant directement de l’État en compensation des baisses d’impôts de production accordée aux entreprises.
L’UMR, c’est en premier lieu une production moyenne de 500 GWh/an, soit la consommation annuelle de l’agglomération de Rennes. C’est aussi une liaison essentielle, entre deux rives, sur laquelle passent en moyenne 30 000 véhicules par jour, et jusqu’à 60 000 véhicules l’été. Ce sont aussi plus de 2 600 mouillages de plaisance, soit douze fois plus qu’avant la mise en service du barrage. Les activités économiques directement générées par le bassin de l’estuaire de la Rance sont par ailleurs estimées à 25 M€/an.
Difficile d’imaginer, aujourd’hui, se passer de cet ouvrage majeur et de revenir à une situation antérieure, d’autant que la vie s’est installée autour des berges avec des niveaux d’eau inférieurs à ceux des marées d’antan.