Histoire de la Bretagne

Mise à jour : 07 décembre 2015

La Bretagne, des origines à nos jours...

Des premiers hommes à la conquête romaine

La présence de l'homme est attestée sur le territoire de la Bretagne actuelle aux alentours de – 600 000 ans et la région conserve des traces de domestication du feu parmi les plus anciennes du monde (vers – 465 000 ans). Vers 5 000 avant J.-C., les chasseurs-cueilleurs du Paléolithique font place aux cultivateurs et pasteurs du Néolithique qui commencent à élever les premiers monuments mégalithiques. L'arrivée du bronze, à la fin du IIIe millénaire avant J.-C., ouvre un temps d'essor tandis que l'introduction progressive du fer à partir du VIIIe siècle avant J.-C. marque l'intégration de la péninsule à l'aire de civilisation celtique. La conquête romaine en 56 avant J.-C. bouleverse une société prospère. Les peuples de la péninsule armoricaine forment désormais cinq cités, toutes dotées d'un chef-lieu créé par le nouveau pouvoir : Carhaix pour les Osismes ; Vannes pour les Vénètes ; Corseul pour les Coriosolites ; Nantes pour les Namnètes ; Rennes pour les Riédons. Parcourue par un réseau routier et desservie par les voies maritimes, la région s'insère dans les circuits commerciaux de l'Empire. Si la péninsule bénéficie de la paix romaine, la romanisation n'efface ni l'usage de la langue gauloise, ni les anciennes traditions religieuses malgré l'assimilation des divinités celtiques aux dieux du panthéon romain.

La Bretagne des saints et des rois

À partir du Ve siècle, des populations fuyant les désordres régnant sur l'île de Bretagne, l'actuelle Grande-Bretagne, débarquent en Armorique. Cette émigration s'intensifie au point de faire de la péninsule armoricaine une nouvelle Bretagne. Les Bretons apportent leur langue tandis que leur clergé – les « saints » – se charge de la christianisation des populations. Alors que le Rennais et le Nantais sont aux mains des Francs, ils jouissent d'une large autonomie sur la péninsule organisée en trois entités : la Cornouaille au sud-ouest, le Vannetais au sud et la Domnonée au nord. Cette situation prend fin au milieu du VIIIe siècle lorsque les Francs tentent de les soumettre mais, en 851, le pouvoir carolingien accorde le titre de roi au prince breton et les comtés de Rennes et de Nantes sont intégrés au nouveau royaume. Cette reconnaissance n'empêche pas la pénétration des usages francs en Bretagne. Les crises de succession et les agressions normandes ont finalement raison de la royauté bretonne au début du Xe siècle.

La Bretagne ducale

La Bretagne connaît une croissance agricole et un premier éveil urbain encadrés par les seigneurs, ecclésiastiques et laïques. De tous le duc est le plus puissant mais le pouvoir ducal ne peut échapper dans la seconde moitié du XIIe siècle au contrôle des rois Plantagenêts à la tête de l'Angleterre, avant de passer en 1213 aux mains d'une dynastie issue des rois de France. Le duché plonge en 1341 dans une guerre longue et incertaine qui profite à la famille des Montforts. Ces nouveaux ducs entendent faire du duché un quasi État tandis que la Bretagne bénéficie d'une certaine prospérité. À la fin du XVe siècle, le pouvoir ducal se heurte à la puissance restaurée de l'État royal et l'édit d'union de 1532 entérine le rattachement de la Bretagne au royaume de France.

La Bretagne province française

Pourtant, la monarchie pèse encore peu sur la Bretagne qui bénéficie en particulier d’un statut fiscal avantageux. En outre, la période est toujours celle d’un réel dynamisme économique. La Bretagne est alors une grande région textile, grâce au travail d’une multitude d’artisans ruraux et au dynamisme de marchands, qui, comme ceux de Saint-Malo, en font une province ouverte aux grands courants commerciaux internationaux. La principale institution, le Parlement crée en 1554, cour de justice dotée de pouvoirs politiques, joue le rôle de relais de l’autorité royale et assure à Rennes, où il s’installe, un début de prééminence. Au XVIIe siècle, l’essor démographique et économique est cependant compromis, et l’État décide d’augmenter la pression fiscale. Les révoltes du Papier timbré et des Bonnets rouges (1675) en sont la conséquence. L’intégration s’accélère aussi car la Bretagne apparaît désormais en position de frontière face à l’émergence de l’ennemi anglais, que symbolise l’essor de Brest. Au XVIIIe siècle, alors que les difficultés du textile se ressentent dans les campagnes, le dynamisme tend à se polariser sur les ports, comme Lorient, créée de toute pièce pour commercer avec l’Asie, ou Nantes, qui se spécialise dans le commerce antillais et négrier. Des crises politiques opposent les élites au gouvernement sur les privilèges de la province (affaires Pontcallec et La Chalotais).

Des départements à la Région

La Révolution, qui commence à Rennes, est au départ bien accueillie. Elle marque aussi la fin de la Bretagne en tant qu’entité politique avec l’avènement des départements. A partir de 1793, le mécontentement d’une partie des campagnes se transforme en opposition armée qui dure jusqu’au début du XIXe siècle (Chouannerie), tandis que les villes s’affirment comme les relais de l’autorité, à l’image de Pontivy (Napoléonville). La paix revenue (1815), la noblesse et le clergé se lancent dans une reconquête visible à travers les nombreuses reconstructions d‘églises, rendues aussi nécessaires par l’essor démographique. Toutefois, et malgré des poches de développement industriel (Nantes, Fougères, etc.) la région n’est guère capable de garder tous ses habitants, qui sont nombreux à émigrer. La mobilisation en 1914-1918 atteste des progrès de l’intégration à la France et l’accélère. L’école joue aussi un rôle dans ce processus marqué par une hostilité à la langue bretonne. La deuxième guerre mondiale laisse plusieurs villes détruites (Brest, Lorient, Saint-Malo) ou endommagées. S’ensuit un essor économique sans précèdent porté par la reconstruction et la volonté des acteurs locaux de moderniser la Bretagne dans tous les domaines. Dans le même temps, la culture bretonne, longtemps méprisée, est de plus en plus reconnue, tandis que les lois Defferre (1982) récréent une Région Bretagne, sans la Loire-Atlantique, et avec Rennes pour capitale.

©Lionel ROUSSELOT
Professeur agrégé d'Histoire à l'Université Rennes 2
UMR CNRS CERHIO 6258
©Gauthier AUBERT
Agrégé et docteur en Histoire
Maître de conférences HDR à l'Université Rennes 2
UMR CNRS 6258