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Plan stratégique d'adaptation au changement climatique pour le massif des Pyrénées

Mise à jour : 01 février 2024

+2°C : c’est l’augmentation de la température moyenne sur le massif des Pyrénées par rapport à l’ère préindustrielle. Le changement climatique est à l’œuvre dans les Pyrénées et y est, comme dans les autres massifs, plus rapide, que dans les autres territoires métropolitains.
Le changement climatique étant causé par les activités humaines, le combat pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre anthropiques reste essentiel pour en atténuer l’ampleur. Toutefois, il est scientifiquement démontré que les températures continueront à augmenter et ce quand bien même nous aurions atteint la neutralité carbone à l’échelle planétaire, du fait de l’inertie du climat. En outre, la décarbonation de nos sociétés et de nos modes de productions est un processus long, qui durera à minima jusqu’à 2050, si les lignes directrices des politiques publiques à l’œuvre sont respectées.
Par conséquent, il s’agit de prendre acte de ces changements climatiques irréversibles, de leur inertie et de mettre en place dès aujourd’hui des mesures qui limitent leurs conséquences négatives, aujourd’hui et à l’avenir, sur nos organisations collectives et sur les milieux naturels : tel est le rôle des stratégies d’adaptation.

QUELLE EST LA RAISON D’ÊTRE DE CETTE STRATÉGIE D’ADAPTATION DU MASSIF DES PYRÉNÉES ?

Enrichir le volet atténuation par une stratégie locale en matière d’adaptation

Adaptation et atténuation sont les deux volets complémentaires d’une réponse efficace au changement climatique. Si la stratégie élaborée dans le cadre du présent document est avant tout centrée sur le volet «adaptation», l’atténuation n’en reste pas moins un axe majeur d’action des acteurs du Massif. Au-delà des concepts, c’est avant tout la définition d’un cadre d’actions permettant de « faire transition » que les acteurs du Massif ont cherché à co-construire.
Conforter et intensifier l’atténuation du changement climatique, s’engager massivement dans des politiques de sobriété, intégrer la culture du risque dans les manières de
penser et d’agir, restaurer et préserver les fonctionnalités des écosystèmes pour permettre leur résilience sont les marqueurs
forts des engagements pris par les acteurs du Massif au moment de s’engager dans la démarche.

L’adaptation c’est quoi ?

Selon le GIEC, la capacité d’adaptation est le degré d’ajustement d’un système à des changements climatiques (y compris la variabilité climatique et les extrêmes) afin d’atténuer les dommages potentiels, de tirer parti des opportunités offertes ou de faire face à leurs conséquences.
Les possibilités d’adaptation sont encore nombreuses à l’heure actuelle, mais sous certaines conditions :
Il convient d’agir vite. Attendre réduit en effet la capacité d’action et expose au coût de l’inaction. Les scientifiques nous rappellent que la décennie que nous sommes en train de vivre est cruciale pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et ainsi espérer maintenir le réchauffement en dessous de 2°C à l’horizon 2100. Pour mémoire, le Rapport
de l’économiste britannique Nicholas Stern (2006) a été le premier à évaluer l’impact économique des effets du changement climatique. Conclusion : le coût de l’inaction est supérieur au coût de la prévention et représente 5 % à 20 % du PIB mondial, contre 1 % pour celui de l’action.
Il apparait nécessaire de se mettre dans une posture proactive pour éviter de tomber dans l’adaptation spontanée, non consciente au changement climatique alors que le but est bien d’anticiper les impacts des évolutions futures du climat.
Il est opportun de s’autoriser à imaginer des transformations systémiques qui seront parfois les plus à même de répondre à l’enjeu d’adaptation. Il est indispensable d’éviter la mal-adaptation en plébiscitant des solutions concourant à :

  • Une utilisation inefficace de ressources comparée à d’autres options d’utilisation (par exemple, le recours massif à la climatisation au lieu de l’investissement dans l’isolation) ;
  • Un transfert incontrôlé de vulnérabilité : d’un système à un autre, mais également d’une période à une autre car cela réduit la marge d’adaptation future (par exemple, plantation d’essences d’arbres à rotation longue) ;
  • Une erreur de calibrage : sous-adaptation ou adaptation sous-optimale (par exemple, une digue de protection n’a pas été suffisamment rehaussée).

Une stratégie d’adaptation pour des Pyrénées résilientes

Dans la loi climat et résilience de 2021, le législateur a prévu que chaque comité de massif élabore un « plan stratégique d’adaptation au changement climatique, identifiant notamment les voies de diversification des activités économiques et touristiques face à l’augmentation du niveau moyen des températures en zones de montagne ».
Cette obligation réglementaire, différenciante du reste du territoire français, se justifie à deux titres :
D’abord parce que les massifs montagneux français sont exposés à des aléas spécifiques et se réchauffent plus vite que le reste du territoire.
Ensuite, comme le diagnostic de vulnérabilité de cette étude l’indique, parce que les activités économiques hébergées et/ou rendues possibles par les caractéristiques mêmes du Massif (milieux et ressources naturelles, enneigement, accessibilité, réseaux de télécommunication...)
sont particulièrement vulnérables au changement climatique et aux aléas qui en découlent.
Le Contrat de plan interrégional Pyrénées signé par l’Etat et les Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie fait d’ailleurs de la prise en compte su changement climatique à l’œuvre un de ses principes fondateurs. L’objectif de cette stratégie est donc de révéler et quantifier les vulnérabilités des activités économiques du territoire du massif mais aussi d’identifier les leviers qui permettront de maintenir ces activités sur ce territoire, en les adaptant à cette nouvelle donne climatique.

Une stratégie et un manifeste des acteurs du massif

Le présent document est ainsi une stratégie au sens premier du terme, car elle fixe un cadre d’action aux acteurs du massif pour s’adapter au changement climatique, mais c’est aussi un manifeste à l’attention de l’ensemble des décideurs publics ainsi que des acteurs économiques et financiers qui interviennent sur le territoire, même de manière ponctuelle.
En effet un certain nombre d’orientations stratégiques définies ne pourront être mise en œuvre si elles ne sont pas articulées avec des leviers réglementaires, financiers, assurantiels. Or ces derniers ne sont pas nécessairement sous la responsabilité directe d’acteurs du massif.
Cette stratégie témoigne également que les acteurs du massif sont unis par une communauté de destin et la volonté d’œuvrer solidairement pour protéger leur territoire des conséquences du changement climatique. Dans ce cadre, le comité de massif, espace de concertation, est le lieu idéal pour construire des positions communes. C’est cette solidarité qui fera la force du comité lorsqu’il faudra plaider ensemble pour des solutions différenciantes pour les Pyrénées, monter des projets collectifs, candidater à des appels à projets nationaux ou européens. C’est aussi une opportunité pour les acteurs du massif d’agir dans une logique de réciprocité, conscients que les services écosystémiques portés
par les Pyrénées bénéficient à des populations qui vont bien au-delà de son périmètre géographique.


Le présent Plan d’Adaptation au Changement Climatique du massif des Pyrénées (PACC) a été le fruit d’un travail collectif et partenarial conduit par les membres du Comité de massif des Pyrénées, qui a abouti à la formulation d’ambitions et d’orientations partagées. A travers la formalisation de cette stratégie, le massif des Pyrénées s’est saisi en pionnier des objectifs fixés par la loi Climat et Résilience, qui enjoint à chaque Comité de massif de s’engager avec exigence dans l’adaptation de ses activités au changement climatique, que les montagnes subissent déjà et qui va en s’accroissant.
Loin de constituer un aboutissement, ce Plan marque au contraire l’entame d’une démarche collective.
Parce qu’il s’inscrit dans une vision prospective, et donc par essence changeante, ses trajectoires devront être ajustées en fonction des changements climatiques objectivés et des transformations des activités à l’œuvre dans le Massif.
Parce qu’il pose des pistes d’actions loin d’être exhaustives, et parce qu’il repose sur la mobilisation des acteurs de terrain et sur l’identification de solutions adaptées à chaque territoire, sa déclinaison opérationnelle requerra l’engagement et la créativité des porteurs de projet. Loin d’une lecture uniforme et descendante de la mise en œuvre de ses ambitions, ce Plan entend faire le pari de l’expérimentation et valoriser des initiatives inspirées et ajustées aux défis que rencontrent les territoires pyrénéens.
Parce que la dynamique partenariale est la raison d’être du Comité de Massif, et que l’adaptation au changement climatique doit être portée par toutes et tous, l’appropriation large du Plan apparait comme une de ses conditions de réussite essentielles.
Afin de suivre et d’approfondir cette démarche, une gouvernance spécifique au Plan a été mise en place, sous l’égide du Comité de Massif et animée par le commissariat de massif.
Un comité de suivi annuel du PACC aura pour objectif de réaliser des points d’étape et d’évaluation réguliers, et d’actualiser le plan d’action à décliner. Un séminaire annuel permettra de valoriser des exemples de projets et actions mises en œuvre et de les partager largement.
« Des Pyrénées vivantes et résilientes » : tel était le mot d’ordre porté en 2021 par la commission permanente du Comité du Massif dans le cadre de ses travaux. Le Plan d’Adaptation au Changement Climatique du massif des Pyrénées se donne pour objectif d’y contribuer pleinement.

Documents :

DOSSIER DE PRESSE : Comité de massif des Pyrénées