Dossiers : Le plan littoral 21
Risques littoraux
Un littoral particulièrement exposé aux effets du changement climatique
La dernière conférence du GIEC estime que la température va connaître une augmentation de 2° à 5° et que l'élévation du niveau de la mer sera comprise entre 60 centimètres et 1 mètres d'ici 2100. Le littoral Occitanie, caractérisé par une succession de lagunes, séparées de la mer par des cordons de sable (les lidos), est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique: les risques de submersion marine et d'érosion du trait de côte concernent 23% du littoral Occitanie.
Concernant l'érosion, plus du tiers du linéaire côtier est en recul. Si l'on considère le littoral sableux, qui représente 189 km sur 232km, c'est près de la moitié du linéaire qui est en érosion. La plupart des communes sont touchées, à des degrés très divers, avec des "hotspots" d'érosion.
La montée des eaux liée au changement climatique va décupler ces effets dans les décennies à venir: d'après les premières analyses de la DREALdirection régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement, de nombreuses plages vont disparaître, la mer pourrait envahir de nombreuses zones basses, au-delà du strict front de mer, et les tempêtes feront largement plus de dégâts.
Ces risques sont d'autant plus prégnants que le littoral Occitanie est devenu, depuis la mission Racine, le réceptacle de nombreuses activités humaines (stations balnéaires, ports de plaisance, campings, etc.), avec une forte pression démographique (les 4 départements littoraux accueillent 47 % de la population régionale) et touristique (8 millions de touristes par an en Occitanie).
Accompagner les territoires pour s'adapter aux risques littoraux
Durant les vingt dernières années, le "réflexe" a été d'ériger des ouvrages pour essayer de se protéger du recul du trait de côte et des coups de mer. Aujourd'hui, on compte près de 300 ouvrages de lutte contre l'érosion (épis et brise-lames) sur le littoral Occitanie. Des moyens conséquents ont été alloués par les pouvoirs publics (56 M de crédits Etat-Région inscrits dans les CPERContrat plan Etat -Région 2007-2013 et 2015-2020) pour financer des grands projets emblématiques de recomposition spatiale comme la mise en valeur du lido de Sète à Marseillan et du lido de Frontignan, la renaturation du Petit et du Grand Travers.
Mais aujourd'hui, force est de constater que ces ouvrages, particulièrement coûteux, ne constituent pas toujours une réponse efficace et suffisante sur le long terme, et que les protections, mêmes les plus innovantes, ne serviront qu'à gagner du temps: l'accélération du changement climatique montre qu'on ne peut plus "lutter contre" mais qu'il faut "vivre avec". C'est cette logique d'adaptation qui est prônée par l'Etat depuis 2012, avec la Stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte (SNGITC), déclinée en Occitanie par la DREAL en 2018.
La loi Climat et résilience
Avec la loi Climat et résilience du 22 août 2021, l'Etat veut inciter les communes à repenser leurs politiques d'aménagement et d'urbanisme, en prenant en compte ce phénomène qu'est le recul du trait de côte, qui est certes inéluctable mais qui est prévisible. La loi préconise d'établir des cartes d'exposition à des horizons lointains (30 et 100 ans), pour que les communes puissent se projeter, anticiper les impacts potentiels du recul du trait de côte, et planifier des actions de court, moyen et long terme. Ces cartes doivent permettre d'identifier les zones exposées au phénomène d'érosion pour adapter les règles de gestion des constructions. Elles permettront également d'informer les habitants (acquéreurs et locataires) sur les menaces existantes.
Au 1er septembre 2023, 8 communes d'Occitanie sont engagées dans le dispositif 31 communes maritimes: Fleury d'Aude (11), Sete, Frontignan, Marseillan, Mauguio, Villeneuve-les-Maguelonne, Vias (34), Collioure (66).
> décret du 31 juillet 2023 établissant la liste des communes engagées
Le Fonds vert et les projets partenariaux d'aménagement (PPA)
Pour réaliser ces cartes, qui constituent la 1ère première étape incontournable, l'Etat apporte un soutien financier via le Fonds vert, qui peut aller jusqu'à 80% pour les communes engagées dans la loi Climat et résilience.
L'Etat encourage également les projets partenariaux d'aménagement (PPA) pour faire émerger des stratégies partenariales sur des projets ambitieux de recomposition. En Occitanie, le PPA de Sète Agglopôle Méditerranée est lauréat de l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) lancé par l'Etat en 2022, et bénéficiera d'un financement à 50% pour les études et travaux qui seront réalisés.
Enfin, l'Etat finance des expérimentations d'adaptation ou de relocalisation de l'hôtellerie de plein air.
> mesures Fonds vert pour l'adaptation au recul du trait de côte
L'offre d'accompagnement du Plan littoral 21
En complément des mesures nationales, les partenaires du Plan littoral 21 (Etat, Région Occitanie et Banque des territoires) ont conçu un dispositif d’accompagnement novateur pour permettre aux territoires de repenser l’aménagement du littoral, avec des moyens coordonnés et renforcés.
Les cofinancements du Plan littoral 21 permettront ainsi aux collectivités de :
- financer des chefs de projet locaux sur 5 ans (2023-2027) sur chacun des 6 territoires de projet, afin de renforcer la capacité de pilotage et d’animation ;
- réaliser des études, des cartographies d’exposition ou mettre en place des observatoires locaux, pour récolter de nouvelles données, mieux appréhender les vulnérabilités auxquelles les territoires sont exposés et être en capacité d’anticiper les phénomènes ;
- lancer des travaux et/ou des expérimentations de recomposition spatiale pas à pas, en privilégiant les solutions innovantes fondées sur la nature pour réduire les vulnérabilités.
A l’échelle régionale, les partenaires du Plan littoral 21 proposeront également :
- un appui méthodologique, notamment sur la concertation citoyenne qui doit être au cœur de la démarche afin de sensibiliser les populations locales mais également les acteurs économiques ;
- des actions de formations et des temps d’échange pour partager les bonnes pratiques et animer une communauté de pratique;
- des études régionales stratégiques pour alimenter les politiques publiques sur le littoral ; pour 2023-2024, ce sont trois études qui seront portés à l’échelle régionale : une étude de la vulnérabilité des enjeux régionaux face aux risques littoraux ;
- un réseau d'observatoires du littoral avec un observatoire régional
et des observatoires locaux, à l'instar de l' Observatoire de la côte sableuse catalane
;
- une analyse des conditions d’adaptation de l’hôtellerie de plein air aux effets du changement climatique et enfin l’étude d’avant-projet pour la création d’une pépinière littorale pour revégétaliser les dunes.