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Europe - Retour sur le deuxième séminaire « Nouvelle(s) frontière(s) »

Mise à jour : 19 avril 2021

Le deuxième séminaire thématique consacré aux « Nouvelles frontières », organisé par la Délégation générale au développement de l’axe Nord, s’est tenu le 19 avril 2021, en partenariat avec Sciences Po Lille et l’École supérieure de journalisme de Lille et parrainé par Rudy Demotte, président du GECT Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai.

Ce temps d'échanges a été l’occasion d’évoquer plus précisément la thématique des « Identités frontalières et transfrontalières dans les Hauts-de-France : dynamiques socio-économiques et mobilités des personnes au quotidien. »

Les différents intervenants (représentants de l’État, spécialistes, chercheurs, élus…) ont échangé sur ce sujet au cours des deux tables-rondes.

Trois points principaux ont été mis en avant au cours du séminaire :

Le dynamisme des bassins de vie au plus près des frontières dans les Hauts-de-France

La frontière franco-belge et la frontière franco-britannique sont traversées par d’importants flux humains qu’il s’agit de caractériser. La Manche est un lieu de passage touristique pour près de 20 millions de personnes chaque année. Néanmoins, elle est peu propice aux mobilités professionnelles quotidiennes. À l’inverse, traverser la frontière franco-belge quotidiennement est un acte banal pour les 35 000 travailleurs transfrontaliers français et belges.

Comme l’a rappelé Christine Gilloots, maire de Bray-Dunes, la proximité de la France et de la Belgique, tout comme la facilité d’aller et de venir d’un pays à l’autre, ferait presque oublier l’existence de la frontière. Pour faire ses courses, aller étudier ou simplement se balader, la traversée de cette frontière est souvent aussi simple que séduisante, dans un sens comme dans l’autre.

Les Groupements européens de coopération territoriale (GECT), formalisent la coopération entre les acteurs locaux français et belges, désireux de mener de grands projets transfrontaliers d’amélioration du cadre de vie pour leurs administrés. Loïc Delhuvenne, directeur de l’Agence du GECT Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai, cite l’exemple du Parc Bleu, l’aménagement d’un grand espace transfrontalier naturel offrant de nombreuses opportunités pour les loisirs, le tourisme et l’économie du territoire.

L’identité (trans)frontalière à l’épreuve des différences locales et nationales

Un consensus émerge entre les intervenants : une identité transfrontalière franco-belge serait difficilement réalisable et peu désirable. Katarina de Fruyt, directrice du GECT West-Vlaanderen/Flandre-Dunkerque-Côte d’Opale, estime que la question de l’identité transfrontalière ne se pose pas pour les habitants des zones frontalières. Les opportunités offertes par ces territoires est ce qui intéresse avant tout les habitants.

Bénédicte Grosjean, professeure Ville et territoires à l’ENSAP Lille, précise par ailleurs qu’il est particulièrement important de s’attacher à étudier le patrimoine partagé de part et d’autre de la frontière. La gestion des ressources naturelles, l’eau en premier lieu, incite les acteurs locaux à coopérer autour de politiques publiques et d’infrastructures communes. Joseph Lefebvre, maire de la commune de Bousbecque le confirme : l’essentiel n’est pas de se ressembler mais plutôt de se comprendre, afin de pouvoir travailler de concert. « La transfrontalité est une richesse. Elle oblige à écouter et à se connaître », déclare-t-il.

Du côté de la frontière franco-britannique, aucun bassin de vie (trans)frontalier ne pose la question d’une identité commune des deux côtés de la Manche. Michel Boudoussier, directeur général adjoint Corporate du groupe Getlink (ex-Eurotunnel), rappelle que cette entreprise est franco-britannique. Elle accorde ainsi une grande importance à la diversité issue de sa binationalité qui est une force davantage qu’une faiblesse.

La crise de la COVID-19, un vecteur de (re)découverte des bassins de vie frontaliers dans les Hauts-de-France

La pandémie mondiale est une expérience partagée par la plupart des habitants de la planète et par les citoyens européens en particulier. Néanmoins, de nombreuses frontières nationales ont été fermées, y compris celles de la France et de la Belgique. Bart Noels, journaliste indépendant et contributeur à la newsletter Eurometropolis News, estime que cela reflète la réversibilité du système des frontières européennes ouvertes que nous connaissons depuis plusieurs décennies. D’après lui, la protection de l’acquis transfrontalier est un combat de chaque instant.

La crise sanitaire accroît la difficulté à se comprendre de part et d’autre de la frontière. Les mesures de lutte contre la maladie sont souvent nationales, tout comme les réponses apportées à plus ou moins long terme. Les frontaliers ont moins d’informations sur ce qu’il se passe à quelques kilomètres de chez eux, de l’autre côté de la frontière. L’éloignement des esprits a pu s’ajouter à la séparation physique des individus.

Néanmoins, nuance Thomas Perrin, maître de conférences (Habilité à diriger des recherches) en Aménagement et urbanisme à l’Université de Lille, le retour de la frontière n’est pas irrémédiable. Il évoque notamment une forme de « résilience du transfrontalier », qui a permis de préserver des droits des travailleurs à la frontière en particulier. On peut également citer la mise en place du « Comité de gestion de déconfinement transfrontalier », mis en place à l’initiative de Michel Lalande, préfet de la région Hauts-de-France, à la sortie du premier confinement français en mai 2020. Il avait pour objectif de coordonner les politiques sanitaires avec nos voisins belges et d’harmoniser les conditions de traversée de la frontière franco-belge.

Vous pouvez retrouver la vidéo de l’événement sur le Facebook  des services de l’État en région.

Retrouvez-nous le 10 mai prochain, de 14 h à 16 h, pour le troisième séminaire « Nouvelle(s) frontière(s) », qui portera cette fois sur les « Stratégies territoriales et coopérations transfrontalières : quelle(s) (ré)organisation(s) pour les Hauts-de-France ? » !