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Incendie Notre-Dame de Paris: 6 mois après

Mise à jour : 14 octobre 2019

Après la maîtrise de l’incendie par les sapeurs-pompiers de Paris et la sécurisation des lieux par la préfecture de Police, les services de l’Etat se sont mis en ordre de marche pour garantir la sauvegarde de l’inestimable patrimoine que constitue la cathédrale et son mobilier (1 300 œuvres de la cathédrale mis à l'abri), et pour s’assurer de la protection des populations. Sous l’autorité du préfet de région, la DRACdirection régionale des affaires culturelles Île-de-France a mené les premiers travaux d’urgence, et a mis en place, en lien avec l’inspection du travail, les conditions de sécurité nécessaires des ouvriers du chantier, qui ont été renforcées à partir d’août 2019 avec la montée en charge des travaux. En parallèle, l’Agence régionale de santé Ile-de-France (ARSAgence Régionale de Santé) prenait en charge la question sanitaire liée aux retombées du plomb de la cathédrale, en mobilisant l’ensemble des acteurs de santé publique compétents pour évaluer l’impact sanitaire de l’incendie et garantir la protection des populations.

Michel Cadot, préfet de la région d'Île-de-France, préfet de Paris, et Aurélien Rousseau, directeur général de l'ARSAgence Régionale de Santé Île-de-France publient ce lundi 14 octobre un bilan des mesures prises pour sécuriser la cathédrale et protéger la population et les ouvriers du chantier du risque plomb. " Le Premier ministre a ainsi confié à la préfecture de la région d’Île-de-France et à l’Agence régionale de santé un rôle de coordination dans le suivi du risque plomb, révélé en partie par cet incident à Notre-Dame. Ce dossier, suivi en étroit partenariat avec toutes les parties prenantes depuis le début, se poursuivra autour d’un comité de pilotage que nous réunissons chaque semaine. Nous tenons à remercier ici l’ensemble des personnes mobilisées et passionnées auxquelles nous nous sommes associés, pour leurs compétences et leur expertise, que ce soit sur le terrain, auprès des services de l’État, des maîtres d’œuvre et des entreprises concernées. Nous savons pouvoir compter sur eux pour assurer en même temps la protection des populations, la reconstruction de Notre-Dame de Paris et la sécurité nécessaire de leurs compagnons et plus largement des Parisiens. " concluent-ils.

Le chantier

La santé et la sécurité des travailleurs intervenant sur le chantier est une priorité absolue de l’État. Des dispositions permettant de garantir le respect de cette priorité ont été mises en place dès le début du chantier et renforcées à partir d’août 2019. L'enjeu est de concilier l'urgence des interventions permettant de prévenir le risque d'effondrement de la cathédrale, toujours présent, avec la sécurité des travailleurs.

Le chantier de Notre-Dame est placé, comme tout chantier en France, sous le contrôle de l'inspection du travail : les préconisations de celles-ci sont prises en compte par la maîtrise d'ouvrage et la maîtrise d’œuvre et font l’objet d’adaptation permanente en fonction de l’évolution du chantier.

À ce jour, 39 entreprises différentes interviennent sur le chantier. Parmi les corps de métiers représentés, il y a notamment des maçons, serruriers, grutiers, échafaudagistes, sculpteurs, maîtres verriers, laboratoires d’analyses, agents de sécurité et sûreté, spécialistes de la dépollution, … . Depuis la reprise du chantier au mois d’août, les installations de décontamination permettent l’accueil simultané d’environ 80 compagnons. De nouvelles installations de décontamination permettront à partir du mois de janvier 2020 d’accueillir jusqu’à 240 travailleurs.

A ce stade du chantier, deux principaux risques ont été identifiés et traités par l’inspection du travail avec la DRACdirection régionale des affaires culturelles Île-de-France : le risque lié à la présence de plomb et le risque de chute de hauteur. L’inspection traite également d’autres risques, plus habituels sur les chantiers de construction ou de rénovation : le risque électrique, le risque de chute de pierre ou de matériaux, les risques liés à l’intervention de plusieurs entreprises et corps de métiers (nécessaire coordination de leur action), …

L’avancée du chantier au regard des risques liés au plomb

L’État est particulièrement attentif à la non-propagation du plomb à l’extérieur du chantier tout comme il l’est à la santé des travailleurs. Les résultats des relevés surfaciques successifs permettent de confirmer l’étanchéité du chantier vers l’extérieur.

Après avoir réalisé les premiers travaux d’urgence pour assurer la sécurité de la cathédrale, le maître d’ouvrage a mis en place les mesures visant à préserver l'état de santé des travailleurs et à contrôler les conditions sanitaires du chantier en lien avec l’inspection du travail. Pour cela, la DRACdirection régionale des affaires culturelles Île-de-France s’est attachée les services :

- d’un coordonnateur sécurité et protection de la santé (CSPS), chargé de rédiger un plan général de coordination associant l’ensemble des opérateurs intervenant sur le chantier, à partir du 26 avril,

- et d’une assistance à maîtrise d'ouvrage plomb missionnée pour la gestion du risque plomb à compter du 16 mai.

Les mesures mises en place ont visé à :

- garantir l'étanchéité du chantier avec l'espace public,

- informer et former les intervenants sur le chantier en préalable à toute intervention,

- organiser l'utilisation d'unités mobiles de décontamination pour les sorties des zones de travaux, gérer les déchets du chantier (équipements de protection individuelle utilisés par les intervenants sur le chantier comme gravois : conditionnement, stockage provisoire, évacuation),

- contrôler l’entrée à la zone de chantier et le respect des procédures.

 

La santé des travailleurs

Au fur et à mesure de l’avancée des travaux et du nombre d’ouvriers présents sur site, ces mesures ont dû évoluer. Ainsi, le préfet de région a décidé du suspendre temporairement le chantier le 25 juillet dernier, suite au rapport de l’inspection du travail qui lui a été remis le 23 juillet. Cette dernière demandait principalement :

-        la définition de procédures de port d’EPI adaptés (équipement de protection individuelle) et de décontamination,

-        la mise à disposition et utilisation effective des EPI et des installations de décontamination dimensionnées au nombre de travailleurs et procédures (douches, pédiluve, rotoluve pour les engins …), le nombre d’ouvriers ayant fortement augmenté,

-        le stockage et évacuation adéquat des outils, matériaux et vêtements souillés,

-        le suivi des plombémies réalisées régulièrement sur les salariés concernés.

Cette suspension a permis de mettre en place une organisation adaptée à la montée en charge du chantier et à sa fréquentation par les différents corps de métiers, une formalisation rigoureuse des conditions de la circulation entre les différentes zones de travail et l’appropriation et la formation effective des équipes appelées à intervenir. A titre d’exemple, de nouvelles  douches ont été  installées en sortie de chantier, un sas-man a été mis en place, les combinaisons et masques ont été adaptés au risque, et  la zone de stockage des déchets a été aménagée.

Pour ce chantier exceptionnel, la maîtrise d'ouvrage échange régulièrement avec l’inspection du travail ainsi qu’avec la CRAMIF pour mettre en œuvre l'ensemble des préconisations, notamment s'agissant de la mise en place de procédures inédites (protocole pour le démontage de l'échafaudage de la croisée du transept par exemple).

 

L’étanchéité du chantier

Outre l’unité de décontamination, le chantier est équipé de pédiluves, pour éviter la propagation du plomb au sol vers l’extérieur du chantier par les piétons. Le même principe est appliqué aux véhicules dont les roues sont lavées au niveau des portails.

Les déblais issus de l’incendie son triés dans les chapiteaux du parvis de la cathédrale, afin d’éviter la diffusion de poussières dans l’air. Ces vestiges, susceptibles d’être réutilisés pour les besoins du chantier ou à des fins de recherche, sont actuellement entreposés sur le parvis et seront ensuite stockés dans des lieux adaptés. Les autres déchets, sans intérêt, sont traités en fonction de leur nature et de leur teneur en plomb. Si nécessaire, ils sont conditionnés hermétiquement et envoyés en décharge spécialisée.

 

Les prélèvements

Par ailleurs des prélèvements surfaciques et d'ambiance réguliers, sont mis en œuvre depuis avril.

 
 Le bilan sanitaire

Depuis le lendemain de l’incendie de la cathédrale, la Préfecture d’Île-de-France, l’Agence régionale de santé et leurs partenaires sont très fortement mobilisés pour évaluer et prévenir les éventuels risques sanitaires liés notamment à la dissémination de poussières de plomb. Des prélèvements ont été entrepris dès l’extinction de l’incendie par le Laboratoire central de la Préfecture de police (LCPP) pour cartographier les retombées de plomb et guider les investigations sanitaires. Un dispositif de surveillance sanitaire renforcé a été mis en place et des mesures de prévention et de gestion ont été recommandées par l’ARS, pour évaluer et contenir un éventuel impact sanitaire.

Six mois après l’incendie, alors que de très nombreux dépistages ont été pratiqués et qu’un large périmètre a été investigué, l’agence Santé publique France et le Centre antipoison (CAPTV) poursuivent leur surveillance et contribuent par leurs analyses à étayer et consolider le bilan sanitaire.

Qualité de l’air

Le contrôle de la qualité de l’air, réalisé par le LCPP dès le lendemain et dans les jours qui ont suivi l’incendie, a permis d’écarter rapidement le risque sanitaire lié à la présence de plomb dans l’air. Les analyses ont en effet toutes montré des valeurs inférieures au seuil réglementaire de 0,5 µg /m3 d’air.

Eau de consommation

La surveillance mise en place à la fois sur les eaux déversées dans le réseau d’assainissement et en aval de Paris, au niveau de la prise d’eau de Suresnes dans la Seine, n’ont pas mis en évidence de présence de plomb au-delà des normes réglementaires. L’eau approvisionnant le réseau d’eau potable à Paris n’a pas été impactée par l’incendie de la cathédrale.

Cet événement est toutefois l’occasion de rappeler qu’il est recommandé de remplacer les tuyaux, branchements et raccordements en plomb encore très présents dans les canalisations des immeubles anciens par des matériaux ne contenant pas de plomb.

 

Poussières de plomb

Les prélèvements réalisés en surface dès le lendemain de l’incendie ont révélé la présence de poussières de plomb en quantités importantes sur le sol de la cathédrale et sur le parvis, quiont été fermés au public.

La présence de plomb, en quantités moins importantes et diverses, a également été constatée dans les poussières déposées sur la voie publique (rues, mobilier urbain). La présence de plomb dans les poussières déposées en surface extérieure ne fait, à ce jour, pas l’objet d’une norme établie, contrairement à ce qui existe pour la présence de plomb dans la terre, l’air, l’eau ou dans les poussières des habitations après travaux.

Depuis l’incendie, des mesures de gestion ont été prises dans un premier temps dans un rayon de 500 m autour de la cathédrale. Ces analyses ont conduit l’Agence régionale de santé à communiquer à plusieurs reprises, afin de faire connaître les mesures de prévention et de nettoyage à réaliser, et d’inciter les riverains à effectuer des dépistages pour leurs enfants de moins de 7 ans.

Des prélèvements de poussières en intérieur, notamment dans les logements de familles avec enfant vivant à proximité de la cathédrale, ont été réalisés, de façon à s’assurer que les normes et recommandations sanitaires étaient respectées dans ces logements et à prendre les mesures de prévention adaptées si nécessaire.

Certains prélèvements de poussières au taux de plomb jugé élevé, ainsi que le diagnostic début juin d’un enfant dont la plombémie dépassait le seuil de déclaration obligatoire de 50 µg/litre de sang, ont conduit l’Agence à intensifier son incitation au dépistage, avec l’ouverture d’une consultation dédiée à l’Hôtel Dieu.

Au-delà de ces mesures de prévention prises pour les riverains résidant à proximité de la cathédrale, l’ARS a étendu le dispositif de prévention afin de tenir compte des résultats des prélèvements réalisés par le LCPP en extérieur sur la voirie. Tous les prélèvements de surface qui ont été effectués par le LCPP et la Ville de Paris ont été rendus publics le 18 juillet et régulièrement mis à jour depuis.

Face à des résultats de prélèvements montrant des valeurs très diverses, et alors qu’il n’existe pas de norme établie, l’Agence a défini une valeur d’action de 5 000 µg de plomb / m², fondée sur des résultats de prélèvements surfaciques réalisés à Paris en 2017 et 2018 qui montrent qu’un dépassement de 5 000 µg/m² constitue une valeur qui ne peut être considérée comme habituellement rencontrée.

Cette valeur repère de 5000 µg/m2 a pour objectif d’étendre et d’orienter les investigations au-delà du premier périmètre de 500 m autour de la cathédrale. L’Agence recommande ainsi que soient menés - dans un périmètre de 300 m autour de chaque prélèvement de voirie supérieur à 5 000 µg de plomb / m² - des prélèvements complémentaires dans tous les établissements qui accueillent des enfants, afin de s’assurer que les recommandations du Haut Conseil de la Santé Publique et les réglementations sanitaires y étaient bien respectées.

Écoles et autres structures accueillant des enfants

Cet élargissement des investigations a permis de contrôler plus d’une centaine de structures accueillant des enfants (écoles, crèches, gymnases…). Lorsque les valeurs recommandées par le Haut Conseil de la Santé Publique n’étaient pas respectées, sur recommandation de l’ARS, des mesures de gestion adaptées (nettoyage, travaux...) ont été prises immédiatement par les autorités responsables, et les enfants ont pu réintégrer ces écoles. En parallèle, une recommandation individuelle de dépistage pour les enfants ayant fréquenté ces structures a été adressée à l’ensemble des familles concernées.

 

Rappel des recommandations

L’Agence régionale de santé a émis plusieurs recommandations afin de prévenir et détecter d’éventuelles expositions au plomb. Ces recommandations ont été largement diffusées par voie de presse et sur le site internet de l’Agence, adressées aux professionnels de santé par courrier et rappelées lors de l’ensemble des réunions publiques conduites en collaboration avec les maires de arrondissements concernés.

Les premières recommandations ont concerné les gestes de prévention :

-          un nettoyage humide renforcé visant à éliminer les poussières qui auraient pu se déposer dans les logements ;

-          le respect des gestes d’hygiène des mains visant à prévenir une éventuelle ingestion de poussières de plomb : lavage fréquent, particulièrement avant les repas et après un contact avec les sols, ongles courts, ...

L’ARS a par ailleurs recommandé le dépistage pour les enfants de moins de 7 ans et les femmes enceintes résidant sur l’Île de la Cité, ainsi que pour les enfants fréquentant les écoles ayant fait l’objet de mesures de gestion (cf. infra) ou présentant des facteurs de risque individuels identifiés par le médecin prescripteur.

De façon à faciliter le recours aux mesures de dépistage, une consultation dédiée a été ouverte à l’Hôtel-Dieu à partir du 4 juin.

Toutes les recommandations détaillées sont disponibles dans le questions/réponses en ligne sur le site de l’ARS Île-de-France :

https://www.iledefrance.ars.sante.fr/pollution-au-plomb-suite-lincendie-de-notre-dame-questions-reponses

  • Les recommandations de dépistage diffusées par l’Agence régionale de santé ont permis une très forte augmentation du nombre de plombémies (mesures du taux de plomb dans le sang) effectuées chez les enfants des arrondissements du centre de Paris
  • Plus de 800 examens de dépistage ont été effectués entre le 15 avril, date de l’incendie, et le 30 septembre 2019
  • À ce jour, 12 enfants ont révélé un taux de plomb dans le sang supérieur au seuil de déclaration obligatoire de 50 µg/litre de sang, qui déclenche une enquête environnementale pour connaître la source d’exposition
  • Les enquêtes environnementales ne permettent pas d’exclure une exposition liée à l’incendie, mais révèlent toutes des expositions à d’autres sources indépendantes de l’incendie
  • La proportion de plombémies supérieures à 50 µg/L est proche de celle estimée en 2009 en population générale francilienne (dernière référence disponible)
  • En Île-de-France, chaque année, entre 100 et 150 cas de saturnisme sont déclarés à l’Agence régionale de santé, pour 2 500 dépistages prescrits

 

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